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Meriem Fournier
Présidente du Centre INRAE Grand-Est-Nancy et Présidente du Forum PEFC
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis enseignante chercheuse, professeure consultante à AgroParisTech et Présidente du Centre INRAE Grand-Est-Nancy. A l’origine, j’ai un parcours de physicienne. Je suis tombée très tôt dans la recherche parce que j’aime l’esprit critique et les démarches scientifiques. Ce chemin professionnel m’a amenée à étudier le bois, à l’aimer, puis à me passionner pour les arbres. Mon approche scientifique initiale repose sur une question “Pourquoi les arbres tiennent debout ?” C’est en étudiant la biomécanique du bois dans les arbres que je me suis peu à peu intéressée au fonctionnement des forêts et à leur gestion. Et j’ai pris conscience de leur importance pour faire face au changement climatique.
Que signifie, pour vous, être Présidente du Forum de PEFC France ?
Mon rôle est d’introduire les débats, d’en présenter les thèmes et de faciliter les discussions entre les membres des différents groupes de travail. J’écoute et je synthétise les échanges pour les faire avancer. L’objectif est d’offrir un espace d’expression à l’ensemble des participants, quel que soit leur profil : propriétaires forestiers, entreprises de la filière forêt-bois-papier, scientifiques, associations...Chacun doit pouvoir partager son point de vue, et laisser entendre ceux des autres. Cette liberté de parole est très importante pour moi car elle génère de la confiance, et nous avons tous besoin de confiance pour nous exprimer. C’est une expérience enrichissante, d’assister à ces moments de dialogues et de prendre part à la gestion durable des forêts. En privilégiant le consensus, le processus de révision permet aussi de co-construire les nouveaux standards français de gestion forestière durable PEFC France plutôt que de les imposer dans une démarche règlementaire hors PEFC, ou dans les rapports de force internes entre acteurs de la chaine PEFC.
Qu’attendez-vous de la révision des standards de gestion forestière durable PEFC pour la France ?
Le processus de révision des standards PEFC est une opportunité à la fois pour toute la filière bois-forêt-papier et pour la société dans son ensemble, de réfléchir à ce que nous voulons pour la forêt de demain. Nous devons confronter nos standards aux évolutions économiques, sociétales et environnementales et relever deux défis importants : l’adaptation au changement climatique et la redéfinition du contrat forêt-société.
Pour l’adaptation au changement climatique, il faut laisser de la place à l’expérimentation et aux tâtonnements qui découleront nécessairement des mesures mises en place, tout en les encadrant. Il ne s’agit pas, bien sûr, de faire n’importe quoi. Actuellement, nous faisons déjà face à des risques accrus dans nos forêts, mais dont nous ignorons encore l’ampleur des conséquences sur la capacité de renouveler les forêts, la production de bois, la biodiversité et tous les services rendus par les forêts.
Concernant le contrat nouveau à construire entre forêt, forestiers et société, les citoyens et leurs représentants élus ou associatifs souhaitent prendre part au débat sur l’avenir des forêts L’arbre a une valeur symbolique très forte, la forêt est un vecteur d’émotions. Pour autant, il est caricatural et inexact d’opposer les « forestiers » qui seraient sachants et rationnels au grand public qui ne comprendrait rien surtout lorsqu’on parle d’économie. La gestion durable des forêts ne peut pas se concevoir uniquement dans l’entre-soi forestier. Les forêts publiques notamment communales sont particulièrement concernées.
Au final, le plus important pour moi est d’aboutir à des standards de gestion forestière durable, en phase avec leur temps concernant les attentes de la société et les usages du bois, et à la hauteur des défis que les forêts doivent relever avec l’engagement de leurs propriétaires.