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Laure PLUM
Coordinatrice du réseau de France Bois Régions
Le COVID-19 a bouleversé le fonctionnement de la filière forêt-bois-papier. Dans ce contexte inédit, comment a réagi France Bois Régions ?
Le confinement instauré suite à la crise du Coronavirus a touché durement la filière.
Les 12 interprofessions régionales du bois, regroupées au sein de FBR, ont toutes vécu en même temps une expérience économiquement dramatique et socialement déstabilisante. Notre rôle de coordination n’en a été que plus important : grâce à notre maillage territorial, dès la première semaine du confinement et de façon récurrente ensuite, nous avons organisé des réunions avec nos membres sur tout le territoire français pour mettre en commun nos expériences et déterminer ce qui pouvait être réalisé ensemble au niveau national pour surmonter la crise. Nous avons également proposé à nos membres de nous faire remonter au niveau national les informations économiques des interprofessions, afin que nous puissions les analyser et proposer des actions interrégionales adaptées aux territoires, qui prennent en compte leurs différences.
Face aux enjeux économiques, écologiques et sociétaux auxquels nous devons tous faire face, quel rôle peut jouer la gestion durable des forêts ?
La reprise économique sera bien sûr le premier objectif de toutes les entreprises de la filière. Cette crise a en effet accentué l’interdépendance des entreprises au sein de la filière, mais aussi sur le territoire. Face au risque d’arrêt soudain des échanges longs courriers, lorsque les camions sont confinés et les autoroutes fermées, les entreprises vont devoir repenser leur chaîne d’approvisionnement.
Grâce au digital, nous avons développé le réflexe de chercher des solutions sans prendre en compte celles qui étaient disponibles près de chez nous ; “grâce” au confinement, nous nous sommes rendus compte de l’importance du maillage territorial. C’est un équilibre à l’échelle des territoires, des acteurs mais aussi de la forêt ! Pour moi, nous sommes tous, aujourd’hui encore plus qu’hier, à la recherche d’un équilibre entre les dimensions économiques, sociétales et environnementales de la forêt pour que le bois soit la meilleure réponse aux crises que nous traversons.
Concrètement, nous contribuons à la préservation de l’équilibre forestier, par des actions pédagogiques auprès des parties prenantes de la forêt : rencontres, débats sur la nécessité de gérer durablement la ressource forestière. De plus en plus d’entreprises doivent être ambassadrices de ce discours-là auprès du grand public.
En juin sera décerné le Prix National de la Construction Bois (PNCB), dont PEFC France est partenaire pour la deuxième année, un événement que vous avez dû adapter en raison de la crise. En quoi ce prix est important dans le contexte actuel ?
La construction bois est un sujet qui concerne toutes les parties prenantes de la filière. Si on soutient la construction bois, on soutient l’ensemble de la filière. Et nous avons besoin, auprès d’un réseau de prescripteurs bois, d’un outil qui mette en avant le rôle prépondérant du bois dans le secteur de la construction. C’est le rôle du PNCB.
Cependant, le secteur de la construction perçoit encore trop souvent le matériau bois comme technique, parfois cher et complexe à appréhender. Notre objectif avec le PNCB, dont PEFC France est partenaire, est de déconstruire ces idées reçues en mettant en lumière toutes les possibilités et variabilités de l’utilisation du bois dans le secteur. En tant que matériau biosourcé et renouvelable, il est plus performant d’un point de vue écologique et favorise l’économie circulaire, répondant ainsi aux nouvelles directions prises par les politiques nationales. Et nous nous accordons tous sur l’importance de la gestion durable des forêts donc l’utilisation de bois certifié est un enjeu important pour nos constructions actuelles et à venir.
Le PNCB représente 728 projets portés par nos adhérents, parmi lesquels 8 seront lauréats. Affaire à suivre !