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Jérôme MATHIEU
Élu référent forêt de l'APCA
Pouvez-vous nous présenter les Chambres d'Agriculture et leurs missions ?
Les Chambres d’Agriculture sont des établissements publics qui rassemblent des représentants des exploitants agricoles bien sûr, mais également entre autres les salariés agricoles, les coopératives, les organisations syndicales agricoles et les propriétaires. Elles ont pour mission d’accompagner les exploitations agricoles dans un objectif de multi-performance économique, sociale et environnementale. Elles assurent notamment des missions régaliennes de soutien à la création d’entreprises et au développement de l’emploi agricole. Elles contribuent également au développement durable des territoires ruraux. En particulier, le code forestier prévoit que les chambres d’agriculture sont compétentes pour accompagner la mise en valeur et la protection des bois et forêt par les acteurs des territoires. En cela, elles assurent un rôle essentiel de maillage entre les activités agricole et sylvicoles.
Quelle forme prend le travail commun entre forestiers et agriculteurs ?
Agriculteurs et sylviculteurs ont des enjeux communs. Tout d’abord, 40% des agriculteurs sont également propriétaires forestiers. Par ailleurs, agriculteurs et sylviculteurs sont présents ensemble sur les mêmes territoires : il y a une réelle imbrication de leurs activités. Par exemple, ils peuvent aborder ensemble les enjeux liés à la présence du gibier, et contribuer à l’établissement d’un équilibre agro-sylvocynégétique. Par ailleurs, comme les exploitations agricoles, la forêt, privée pour 75% de sa surface, est observée par la société civile, qui veille au respect de son intégrité et à la mise en œuvre de pratiques respectueuses de l’environnement. Dans une société de moins en moins rurale, où les voix qui prônent la mise « sous cloche » de la campagne pour plus de naturalité, nous devons démontrer que ces mêmes espaces ruraux peuvent être des lieux de vie et d’activité économique tout en contribuant à fournir des services environnementaux au plus grand nombre.
De la même manière qu’il faut de l’agriculture dans les territoires pour développer des filières locales plus respectueuses de l’environnement, il faut défendre le maintien d’une activité qui crée de l’emploi et qui alimente les filières alimentaires, énergétiques et des matériaux. En tant que membre du 3ème collège de PEFC France, nous avons également un rôle important à jouer pour contribuer à démontrer tant auprès des propriétaires que du public et de l’ensemble des acteurs des filières dans les territoires l’intérêt de la certification forestière. Comme j’ai l’occasion de dire régulièrement à des propriétaires forestiers, "tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin".
Quel est selon vous l’intérêt de gérer durablement les forêts avec la certification PEFC ?
Il faut bien l’avoir cela à l’esprit, la certification PEFC, ce n’est pas juste de la communication : la gestion durable des forêts est une réalité quotidienne pour les forestiers. Les Chambres d’Agriculture accompagnent, par exemple, les petits propriétaires forestiers, qui ne sont pas forcément soumis à un plan de gestion réglementaire, à la fois pour qu’ils s’approprient les bonnes pratiques de gestion durable des forêts, et pour qu’ils ressentent que ces mêmes pratiques sont adoptées par un grand nombre et qu’elles sont largement reconnues comme contribuant au d’un environnement de qualité.
Il faut comprendre que nos actions en forêt sont destinées à avoir un impact sur plusieurs générations. La gestion durable des forêts, c’est penser long terme, car les pratiques qui sont mises en œuvre aujourd’hui devront être encore bénéfiques pour tous dans 30 - 50 ans et plus loin encore ! Ainsi, nous soutenons par exemple les regroupements de petits propriétaires, car dans le cadre d’actions collectives, les sylviculteurs sont mieux en mesure d’améliorer la valeur de leurs propriétés forestières.
La certification PEFC apporte une force de frappe supplémentaire, en permettant de rassembler les petits comme les grands propriétaires forestiers, et d’autres acteurs des territoires avec eux, autour d’enjeux communs. C’est en nous rassemblant que nous pourrons lutter contre les conséquences du changement climatique par exemple. La gestion durable, c’est mettre en place des pratiques qui font que la forêt va se régénérer, qu’on va cibler les coupes d’arbres, s’assurer d’en replanter, questionner quelles essences il faudra favoriser en régénération ou replanter, etc. Si je devais résumer, la gestion durable, avec PEFC, c’est avoir accès à de la réflexion collective, de la recherche et du conseil, et des pratiques consensuelles permettant d’assurer la pérennité de la forêt.